Cartes postales rectifiées

Ouvriers, ouvrières (la femme est le prolétaire de l’homme). Une carte postale rectifiée de Max de Larminat © tous droits reservés. Tatoué sur le poing levé du révolutionnaire tentant de briser ses chaines est tatoué une scène représentant une chienne au seins gonflé qui tente quand à elle de se libérer de l’exploitation de son prolétaire de mari, et de sa progéniture affamée.
Comme une allumette
L'escargot, ou l'essence de l'architecture
Chambord, ou l’essence de l’architecture. L’ombre de Léonard de Vinci plane sur le château de Chambord, faisant davantage de cette architecture un manifeste de pierre qu’une vraie demeure dont la pièce maîtresse reste le grand escalier à double révolution. Mais qui voudrait durablement habiter un escalier ? Précurseur comme en tant d’autres domaines, Léonard inventa, avec quelques siècles d’avance, cette lucrative noria à touristes qui eut été fort utile à l’époque de sa création pour refaire les finances royales lourdement hypothéquées par la rançon astronomique exigée par Charles Quint pour relâcher François 1er. Cet escalier qui s’enroule sur lui-même comme une double hélice d’ADN est surmonté d’un autre escalier à simple révolution. Méconnu du grand public, celui-ci débouche sous la voûte de la lanterne qui coiffe l’édifice. La présente carte postale montrant l’intérieur de la lanterne, réalisée d’après une photo de Keiichi Tahara, me donna furieusement envie d’illustrer, par le truchement que quelques interventions graphiques, ce qui est pour moi l’essence de l’architecture. En effet tout se joue ici à la croisée entre l’intérieur et l’extérieur. En ce lieu, le roi pouvait jadis contempler non seulement l’ensemble de l’invivable édifice érigé à sa gloire, mais surtout ce paysage qui avait vocation à devenir la grande forêt domaniale vouée jusqu’à aujourd’hui à la chasse, son passe-temps favori, lequel fut sans doute initialement la raison d’être du château de Chambord.
Chambord, ou l'essence de l'architecture
Les grenouilles et la fée électricité. Carte postale d’un détail de la fresque de Raoul Dufy du musée d’art moderne de la ville de Paris, rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. J’ai découvert que la fresque de Dufy grouillait de façon subliminale d’innombrables grenouilles, de même qu’il arrive que lors de certains orages s’abattent entre les éclairs une pluies de grenouilles. On n’hésitait pas autrefois lors des cours de sciences naturelles à montrer aux enfants ébahis les pouvoirs magiques de la fée électricité sur le cœur préalablement arraché du corps de pauvres grenouilles de laboratoire. Cœur qui se remettait à battre vaillamment quand on lui infligeait, via les électrodes d’une pile de lampe de poche, les bienfaits de ladite fée électricité.
Les grenouilles et la fée électricité de Raoul Dufy (1)
Les grenouilles et la fée électricité. Carte postale d’un détail de la fresque de Raoul Dufy du musée d’art moderne de la ville de Paris, rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. J’ai découvert que la fresque de Dufy grouillait de façon subliminale d’innombrables grenouilles, de même qu’il arrive que lors de certains orages s’abattent entre les éclairs une pluies de grenouilles. On n’hésitait pas autrefois lors des cours de sciences naturelles à montrer aux enfants ébahis les pouvoirs magiques de la fée électricité sur le cœur préalablement arraché du corps de pauvres grenouilles de laboratoire. Cœur qui se remettait à battre vaillamment quand on lui infligeait, via les électrodes d’une pile de lampe de poche, les bienfaits de ladite fée électricité.
Les grenouilles et la fée électricité de Raoul Dufy (2)
Le pet de la grenouille, un passe temps scientifique. Une carte postale rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. On voit que la grenouille de la fable de Jean de la fontaine, celle qui voulait être aussi grosse que le bœuf, fait ici le bonheur d’un savant en culotte courte en manque de bulle de savon.
Le pet de la grenouille, un passe-temps scientifique
Le bain turc (1). Une carte postale du « Bain turc » de Ingres, rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. Où l’on voit que le spectacle des femmes nues du « Bain turc » de Ingres inspire chez certains spectateurs mâles une effervescence de gamètes. L’agitation de tous ces spermatozoïdes en compétition contraste singulièrement avec la placidité des femmes qui, fatalistes, semblent n’attendre rien de bon de l’issue de cette compétition.
Le secret du bain turc (1)
Le bain turc (2). Une carte postale de Ingres, rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. On dirait que sous la pyramide du Louvre la chair malléable des femmes du « Bain turc » de Ingres, soudain frappées par la modernité de l’architecture du lieu sortent enfin de leur léthargie et qu’en proie à toutes sortes de métamorphoses elles se livrent, cul par-dessus tête, à de sportif ébats aériens.
Le secret du bain turc (2)
Le sommeil de la raison. Carte postale du tableau d’Hippolyte Flandrin « Jeune homme nu assis » du musée du Louvre, rectifiée par Max de Larminat © tous droits réservés. En guise de titre pour ce tableau de jeune homme nu en proie à ses serpents intimes, j’emprunte sans vergogne celui de la célèbre gravure de Goya « Le sommeil de la raison engendre des monstres ».
Le sommeil de la raison ...
Adrénaline à Roland Garros. Une cartes postales rectifiées par Max de Larminat © tous droits réservés. On voit qu’un joueur de tennis sur le point d’entrer sur le cours de Roland Garros pour y effectuer des lancers de balle de plomb ressemble à une sorte de gladiateur moderne, en l’occurrence à ces rétiaires qui, lors des jeux du cirque à Rome était rompu quant à eux au lancer de leur filet plombé sur leur adversaire.
Adrénaline à Roland Garros
Sésame, ouvre-moi !
Iles et exils
Ouvriers, ouvrières (la femme est le prolétaire de l’homme). Une carte postale rectifiée de Max de Larminat © tous droits reservés. Tatoué sur le poing levé du révolutionnaire tentant de briser ses chaines est tatoué une scène représentant une chienne au seins gonflé qui tente quand à elle de se libérer de l’exploitation de son prolétaire de mari, et de sa progéniture affamée.
Ouvriers, ouvrières (La femme est le prolétaire de l’homme - Engels)
Les dents de la nuit
Oiseaux de nuit
Le diable se cache dans les détails (Grandes orgues de Chartres)

Toute image est truffée d’images subliminales. Surtout celles qui sont apparemment les plus innocentes. Par exemple de simples cartes postales. Ce sont ces images subliminales tapies, derrière d’inoffensives icônes, que j’aime à débusquer. Pour ce faire, je décape par endroit la surface imprimée de celles-ci de leur gangue de banalité et j’écorche ce sentiment de déjà vu qui recouvre la virulence cachée qu’elles cachent en leur sein. Certaines d’entre elles, édités en grand nombre, par les services de communication d’institution comme le Louvre, la vidéothèque ou le Musée d’Art moderne de la ville de Paris, ou celui de la Seita, nous livrent comme sur un plateau des reproductions d’œuvres ou d’objets tellement connus qu’on ne les regarde plus vraiment. On se contente de les reconnaître d’un seul clin d’œil. De ne les prendre que pour ce qu’elles se proposent d’être : de simples images pense-bête, dont la seule ambition semble de vouloir de nous rappeler d’aller voir telle ou telle exposition, si d’aventure nous en trouvions le temps. Il ne nous vient pas un instant à l’esprit qu’une image à peine entrevue peut en cacher une autre. Car, pour l’heure, pas question d’aller pêcher  des grenouilles dans la fée électricité de Raoul Dufy, ou des gamètes mâles en folie dans le bain turc de Ingres, ou de mater derrière trois honnêtes allumettes une joyeuse bande diablotins en rut . Pas le temps non plus de tenter d’apercevoir dans une photo de William Klein les squales menaçants qui rodent la nuit au cœur des reflets mouvants des enseignes lumineuses glissant sur les flancs luisants des automobiles. Ou de voir sous le poing fermé d’un prolétaire sa prolétaire à lui, sa propre femme, qui ne semble nullement résignée à se laisser exploiter par son révolutionnaire de mari.

,Adepte d’une pratique soustractive de l’art, je dirais, paraphrasant Constantin Brancusi, qu’il y a toujours un oiseau caché dans la pierre. Il suffit d’aller le chercher où il est en l’extirpant de tout le gras qui l’entoure.

Faute de pierres ou de bois, je vais parfois dénicher mes grenouilles, mes squales et mes diablotins dans un moins noble matériau ; en l’occurrence, dans l’infime épaisseur de certaines cartes postales.