Rébus à la carte

Assassin. (as-A-sein). Ce rébus a été réalisé par Max de Larminat à partir d’une carte postale détournée de Javier Vallhonrat représentant initialement un nu féminin renversé sur le dos et soutenu, semble-t-il, par deux personnages dissimulés sous de grands voiles noirs. Pour les besoins de ce rébus j’ai remplacé les deux personnages par un “A“ majuscule colossal dont la barre horizontale soutient la femme au niveau des reins alors que dans son sein est planté au niveau du coeur un as de pique meurtrier.

ASSASSIN (As-A-sein)

D’après une photo de Javier Vallhonrat

Alité. (A-lit-T). Ce rébus a été réalisé par Max de Larminat à partir d’une carte postale détournée de Robert Doisneau représentant initialement un homme en casquette allongé sur son lit fumant une cigarette en contemplant sur le mur des images de femmes nues. Pour les besoins de ce rébus j’ai fait disparaitre l’image de l’homme par un “A“ très féminin chevauchant un “T“ très masculin, transcrivant graphiquement son très probable fantasme.

ALITE – (A-Lit-T)

D’après une Photo de Robert Doisneau

ACCORDER – (A-corde-D)

D’après une Photo de Robert Doisneau

ACCORD – (A-corps)

D’après une photo de Herb Ritts

ADORER – (A doré)

D’après une photo de Pedro Luis Raota

ASSISTER – (A-six T)

D’après une photo de Seeberger

Agresser. (A-graisse-C). Ce rébus a été réalisé par Max de Larminat à partir d’une carte postale détournée de Charles Gatewood représentant initialement une femme obèse et nue posant bucoliquement dans la nature. Pour les besoins de ce rébus j’ai sculpté dans la chair de la dame un grand “A“ majuscule et grassouillet dans lequel un “é“ à la forme particulièrement agressive plante ses crocs.

AGRESSER – (A-graisse-é)

D’après une photo de Charles Gatewood

ASSAUT – (A-seau)

D’après une photo de Els Van Doormen

AVERTIR – (A vert-tir)

D’après une photo de Dominique Darbois

SÉVÈRE – (C vert)
D’après une photo de Robert Doisneau

BRADER – (bras-D)

D’après une photo de Sabine Weiss

DÉBAT – (D-bas)

D’après une photo de Cor Dekkinga

ÉGARÉ – (É-gare-É)

D’après une photo de Shlomo Ben Yacoov

ÉBATS – (É-bas)

D’après une photo de Didier Gaillard

ÉCHAPPER – (é-chat-p)

D’après une photo de Jean-Louis Benamou

ÉCHAPPER – (é-chat-p)

D’après une photo de Philippe Gérard-Dupuy

EXIL – (EX-île)

 Victor Hugo en exil, perché sur le rocher des proscrits à Jersey. Photo Charles Hugo.

LIER – (lit-é)

D’après une photo de Joseph McKenzie

ÉPHÉMÈRE – (fet-mer)

D’après une photo de Ronald Cain

ÉMERGER – (é-mer-G)

D’après une photo de Noël Butcher

J’AI GRAND APPÉTIT – (G grand-A petit)

D’après une photo de Willy Ronis

DANGER – (Dents-G)

D’après une Photo de Robert Doisneau

CANICHE – (K-niche)

  » L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches «  Céline – Voyage au bout de la nuit. 

D’après une photo de Litnitsky

CADENCE – (K-danse)

D’après une photo de Dominique Isserman

CAHOTS – (K-O)

CAFARD – (K-phare)

D’après une photo de Thurston Hopkins

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CASSEURS – (K-soeurs)

D’après une photo de Olivier Meyer

CASSER – (K-C)

D’après une photo de Charles Blagdon

DOPÉ – (dos-P)

COLÈRE – (col-R)

D’après une photo de Raymond Depardon qui découvre en 1977 l’île de San Clemente et son asile psychiatrique

Détromper. (d-trompe-p). Ce rébus réalisé par Max de Larminat à partir d’une carte postale détournée de Pedo Luis Raota représentant initialement un enfant face à un éléphant de cirque. Pour les besoins de ce rébus, j’ai mis dans la main de l’enfant un “d“ qu’il tient par la hampe de la lettre. L’éléphant quant à lui tient dans sa trompe un objet apparemment identique, à ceci près qu’en le retournant, il transforme le “d“ en un “p“ la hampe de cette première lettre se transformant alors en jambage pour la seconde. Chacun des acteurs de cette scène semble vouloir détromper l’autre quant à la nature véritable de cette lettre à double visage, si ce n’est à quadruple visage, car nos deux manipuleurs de lettres pourraient à juste titre prétendre qu’il s’agit plutôt d’un “b“ ou d’un “q“, tout n’étant en l’occurence, comme souvent, qu’une question de point de vue.

DÉTROMPER – (D-trompe-P)

D’après une photo de Pedo Luis Raota

ESPOIR – (S-poire)

D’après une photo de Olav Hagedorn

Dans son roman « La grande Sultane », Barbara Chase-Riboud, imagine le grand eunuque du harem de Topkapi composant des poèmes, dont celui-ci :  « Ermut, ver bize bir umut » ce qui signifie « Poire, accorde-moi quelque espoir ». Miracle de hasard linguistique, poire et espoir riment dans les deux langues

VOTER – (veaux-T)

D’après une photo de H. Armstrong Robert

Dans son livre « De Gaulle, mon père « , Philippe de Gaulle indique que le général en 1940 à Londres, après le vote de l’Assemblée Nationale donnant les pleins pouvoirs à Pétain et la conclusion de l’armistice entre la France et l’Allemagne aurait prononcé ces mots :  » Ce sont des veaux. Il sont bon pour le massacre. » 

FLIRTER – (fleurs-T)

SAUTER – (seau-T)

D’après une photo de Lejaren A. Hiller

TÉTER – (T-T)

D’après une photo de Laure Albin-Guillot

ÉLU – (ailes-U)

SAUVÉ DES EAUX – (seau-V-des O)

D’après une photo de Joseph McKenzie

TROUVER – (trou-V)

D’après une photo de Cornelius Groenewold

UN IMPORTUN – (1-1-porte-1)

D’après une photo de Eliott Erwitt

LE SIÈGE DE TROIE – (le siège de 3)

D’après une photo de Izis

Au départ, des cartes postales, reproductions d’œuvres de photographes connus (Doisneau – Erwitt – Ronis – Weiss – etc.). À l’arrivée, des rébus. Pour ce faire j’introduis dans chacune de ces cartes une ou plusieures lettres qui, associées avec quelque élément figuratif déjà présent sur le cliché, composent un rébus. Ces lettres peuvent prendre dans le décor l’allure démesurée de monuments ou devenir de simples outils ou des objets entre les mains d’un personnage présent dans le champ de la photo. Parfois, lettres anthropomorphes, elles sont appelées à jouer un rôle actif dans la scène, à l’égal des autres acteurs humains. Pour les faire apparaitre, j’incise la couche superficielle de ces cartes postales dont j’arrache ensuite une infime épaisseur de papier imprimé au-dessous de laquelle apparait une surface blanche à laquelle j’achève, au pinceau et à l’aquarelle, de donner, presque en trompe-l’oeil,  forme de lettre. Lettres que je peins presque toujours en bleu, couleur qui est pour moi une sorte de variation colorée du noir. Sauf, bien entendu, quand l’énonciation de la couleur d’une lettre est nécessaire à l’intelligence du rébus où je l’ai introduite. 

Ces lettres, en rupture graphique avec les images photographiques initiales, font cependant moins figure en leur sein d’intrus que de révélateur. Les mots qui se cachent dans ces rébus-là ont toujours en effet un rapport de sens étroit avec ce que raconte ou montre l’image initiale, même s’il arrive à mon intervention intempestive d’en proposer une vision alternative.

Sur le petit théâtre d’une carte postale, et sous forme de rébus, des images et des lettres qui n’auraient jamais dues de rencontrer jouent à se prendre pour des mots, au mépris du bon usage de l’écriture et de toute orthographe. Cette exposition ludique a été présentée dans de multiples bibliothèques, médiathèques et institutions culturelles francophones. 

Reste néanmoins que je me faisais parfois scrupule d’enrôler les images d’autruit  au service des miennes. Robert Doisneau auprès duquel je m’excusai d’avoir massacré plusieurs de ses photos pour les mettre à mon tableau de chasse me répondit fort gentillement par retour du courrier :

Monsieur de Larminat, laissez  moi rire, massacre de mon oeuvre dites-vous, l’expression est cocasse, c’est au contraire un jeu qui relève de la complicité. Prévert a écrit un jour que si les lapins de garenne détestent les chasseurs bardés de cartouchières ils ont de l’estime pour les braconniers. Continuez donc votre jeu, vous me faites un bien grand honneur. C’est comme je vous le dis sincèrement et en toute  complicité. 

                                                  Robert Doisneau